MIKKEL KESSLER CONTRE ANDRE WARD

Le monde de la boxe en rêvait, la chaîne de télévision « Showtime » l’a fait. Pourtant fin juin, à l'annonce de la création d’une compétition rassemblant quelques uns des meilleurs super-moyens mondiaux sous la forme d’un tournoi baptisé « Super Six », le plus grand scepticisme prévalait dans le milieu pugilistique. Il faut dire qu’à une époque où il est plus facile de faire se rencontrer les hommes les plus puissants de la planète pour un G20 économique que d’organiser des rencontres de réunification en boxe pour un titre mondial, la probabilité de l’aboutissement d'un tel projet avait de quoi inquiéter ; même les plus optimistes !

Seul un média d’envergure mondiale investi historiquement dans la diffusion de combats et disposant de la puissance du billet vert pouvait réussir ce tour de force et nous ne pouvons que nous en réjouir car l’avenir de cette discipline passe probablement par ce genre de confrontations où le défi et la simplicité reprennent leurs droits. La recette est connue : Les meilleurs contre les meilleurs afin de dégager une hiérarchie significative issue du seul ring, ce que la boxe professionnelle régie par une multitude de fédérations et engluée dans des considérations de plus en plus éloignées du sport a quelque peu trop souvent tendance à oublier.

Les meilleurs contre les meilleurs
Avec l’anglais Carl Froch invaincu champion WBC, le danois Mikkel kessler champion WBA, l’arménien invaincu Arthur Abraham inamovible ex-champion IBF des poids moyens et les américains Jermain Taylor plus les deux André : Direll et l’invaincu Ward ; le « super six » prend des accents de rivalité Europe contre Etats-Unis. L’élite de la catégorie étant ainsi présente, nous pouvons légitimement affirmer que le vainqueur final sera considéré comme le véritable champion du monde de cette division. Deux combats ont déjà eu lieu le mois dernier et nous savons maintenant qu’Abraham sera redoutable comme en atteste sa victoire par KO au douzième round devant un Taylor quelque peu dépassé. Froch venant à bout plus difficilement aux points de Direll suscite encore quelques interrogations sur ses réelles aptitudes.

Kessler contre Ward
L’affrontement choc qui va clôturer le premier tour va donc mettre face à face sur le sol américain le « viking warrior » Mikkel Kessler(42-1, 32 KO), champion WBA et André Ward (20-0, 13 KO), plus précisément en Californie à l’Oracle Aréna d’Oakland le 21 Novembre prochain.
Le Danois professionnel depuis 1998 fait figure d’épouvantail, d’ailleurs bon nombre d’observateurs le citent comme principal candidat à la victoire finale. Il faut dire que l’homme offre de sérieuses garanties et dispose de pratiquement toutes les armes de la boxe. Kessler est très rapide de bras et surtout il frappe des deux mains. Aussi à l’aise de prés qu’à mi distance il affectionne le défi physique, sa tactique est essentiellement axée sur l’offensive, ce qui en fait l’un des boxeurs les plus prisés du public. Si son crochet gauche est remarquable, sa droite en ligne aussi soudaine que précise est d’une diabolique efficacité, ce ne sont pas les trente deux rivaux qui ont fini désarticulés devant lui qui diront le contraire. Sa seule et toute relative faiblesse serait peut être de moins bien boxer en reculant, à ce jour le gallois Jo Galzaghe demeure l’unique combattant à avoir trouvé la solution pour mater le fougueux scandinave.
André Ward pourra t-il imiter le britannique et trouver la faille lui aussi ?

Le jeune américain, champion olympique des mi-lourds à Athénes en 2004, est passé pro à la fin de cette même année. Béni des dieux de la boxe, tout lui sourit quand il monte sur le ring ; ce qui frappe chez ce garçon c’est sa faculté d’adaptation à l’adversaire. Qu’il soit opposé à un styliste ou à un puncheur, Ward fait toujours preuve d’une intelligence rare en combat. Le jeune homme dont le légendaire Pernell « Sweet Pea » Withaker est l’un des plus inconditionnels supporters, possède un excellent coup d’œil associé à une aisance gestuelle innée. Droitier naturel il peut ainsi changer plusieurs fois de garde dans un round, le tout réalisé avec une facilité déconcertante et la même réussite insolente.

Sera ce suffisant pour s’imposer devant la machine à donner des coups qu’est Kessler ? Un facteur est déterminant pour tenter de donner un début de réponse : C’est l’expérience !! En effet le Danois va disputer son dixième combat, titre mondial en jeu en quarante trois duels, alors que Ward débarque dans le monde des grands et fait figure de néophyte avec ses vingt combats, il semble à peine sorti de la traditionnelle phase d’apprentissage nécessaire à tout boxeur. La logique voudrait donc que Mikkel Kessler ne fasse qu’une bouchée d’André Ward, mais l’histoire de la boxe nous a souvent démontré que quand le talent et la dextérité d’un individu étaient présents sur le ring, cela suffisait parfois à bousculer des montagnes... de là à renverser l'immense iceberg scandinave ?