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Article Tribune de Genève 20.11.2025 sur Clémentine Eggs - boxing circus
Tribune de Genève 22.11.2025
Des coudes en acier, des abdos en béton et des mains de fée
Championne d’Europe de muay-thaï, la Genevoise Clémentine Eggs sera l’une des têtes d’affiche d’une grande réunion de sports de combat le
25 novembre, sous le chapiteau du Cirque de Noël à Plainpalais.
Christian Maillard
Publié: 20.11.2025, 16h13
Clémentine Eggs a découvert la boxe thaïe un peu par hasard, mais s’est très raidement prise
au jeu.
LAURENT GUIRAUD/TAMEDIA
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En bref:
• Championne de Suisse et d’Europe de boxe thaïe, Clémentine Eggs (26 ans), qui peine
à trouver des adversaires dans sa catégorie des moins de 48 kg, a été contrainte de
prendre du poids et de combattre en kickboxing.
• En attendant de prendre sa revanche face à la Japonaise Misaki et de décrocher une
couronne mondiale (pourquoi pas à Genève?), cette joueuse de piano et spécialiste des
coups de coude affronte une Italienne ce mardi sous le chapiteau du Cirque de Noël à
Plainpalais.
• De retour dans l’organisation de sports de combat, l’ex-patron du Tour de Romandie
et du Supercross Daniel Perroud a mis sur pied une belle réunion avec onze combats
de boxe et de kickboxing au programme, dont sept opposant des pros.Quand on croise le regard de Clémentine Eggs pour la première fois, qu’on parle avec elle de
coups de pied, de corps à corps et de K.-O., difficile de croire que cette femme de 160 cm
pour 48 kg, à la voix si douce, est championne d’Europe de la boxe thaïlandaise.
Et pourtant, cette diplômée d’un master en comptabilité, qui joue souvent du piano pour se
détendre après un entraînement intense, brille dans ce sport depuis qu’elle l’a découvert il y a
six ans à Bangkok. «C’est sur les conseils de mon prof de sport au collège que je suis partie
là-bas, explique cette Genevoise de 26 ans, rapidement conquise par cet art martial. C’est
durant cette année [sabbatique] que j’ai eu le déclic.»
La Suissesse, qui avait commencé par le kickboxing à Genève, est tombée très vite sous le
charme de tout le cérémonial qui entoure le muay-thaï. Comme le judo au Japon ou le cricket
en Inde, ce sport de combat est sacré dans le pays de Bouddha.
La boxe thaïe et la danse des
esprits
Les combattants et combattantes commencent par une «danse des esprits» pour saluer leurs
maîtres, leurs parents et les divinités, le tout accompagné de musique traditionnelle à base de
flûte javanaise, de cymbales et de tambours. «Ce sont des choses qui sont très belles, apprécie
Clémentine, qui a eu un gros coup de cœur pour cette tradition mystique et la pratique de cette
boxe particulière. Il y a beaucoup de respect entre les Thaïs.»
Avec deux entraînements par jour et un mental d’acier, elle progresse très rapidement, vainc
sa timidité et prend confiance en démontrant des qualités hors normes sur un ring. Avec,
notamment, un premier combat expéditif face à une Thaïlandaise pourtant plus expérimentée.
Lors de cette première mise en action, en mai 2019, la Genevoise sort notamment de sa
manche un coup de coude décisif, qui lui permet de s’imposer par K.-O. Ce coup de maître va
vite devenir sa botte secrète, une arme dévastatrice.
Depuis son retour en Suisse, la combattante de Confignon, qui s’impose une discipline et une
rigueur indispensables pour atteindre les sommets, n’a pas cessé de cumuler les succès et de
s’aguerrir pour passer pro l’an dernier après avoir décroché deux titres de championne
helvétique d’affilée chez les amateurs (2023 et 2024). C’était le début d’une belle histoire.
«Il y a malheureusement peu d’adversaires qui pratiquent la boxe thaïe dans ma catégorie en
Suisse, regrette Clémentine, qui encourage des femmes à Genève à la rejoindre au club
Massar Gym, rue Caroline 18 aux Acacias. Contrairement aux idées préconçues, ce n’est pas
un sport si violent que ça, ce n’est pas de la bagarre, mais plutôt de la technique et de la
stratégie.» Pour continuer de grimper les échelons, elle est parfois obligée de s’expatrier en
Belgique, ou alors attendre qu’on organise des meetings en Suisse, à Zurich, Lausanne ou
Genève.Premier défi mondial perdu au
Japon
C’était le cas le 4 février dernier au Théâtre Pitoëff lors de la GVA Fight Night où elle a pu
montrer l’étendue de son talent et de sa résilience au niveau continental en arrachant la
ceinture WMC (la fédération la plus reconnue) à la Française Chaïna Tavares, aux points, au
terme d’un combat acharné et de toute beauté. De quoi se montrer encore plus gourmande.
Après cette soirée mémorable devant plus de 1000 personnes, cela a forcément donné des
idées de grandeur à la championne d’Europe avec la couronne mondiale ISKA (International
Sport Kickboxing Association) comme objectif. Pour cela, Clémentine Eggs a été contrainte
de s’envoler pour le Japon et d’affronter le 20 septembre, à Kariya, la Nippone Misaki
(20 ans) dans le cadre de l’événement Heat 57.
Ce défi, elle l’a perdu, mais la Genevoise en garde malgré tout un très bon souvenir. «J’avais
eu quelques soucis pendant ma préparation et je n’étais pas au maximum de mes capacités,
reconnaît la championne. Le combat a vraiment été intense et j’ai adoré cette expérience.
J’espère qu’il y aura bientôt une revanche.»
Pourquoi pas chez elle, à Genève? «D’organiser un combat avec une Japonaise en Suisse, ce
serait une bonne chose, sourit Carl Emery, qui connaît bien le président de la fédération
ISKA. Je pense que cela pourrait se faire en collaboration avec son club du Massar Gym.»
À elle, comme devant son piano, de bien répéter ses gammes sur son punching-ball. «Je sais
qu’il y a aussi d’autres propositions au Japon et un gala de boxe thaïe en Hongrie auxquels je
pourrais participer», poursuit cette femme aux coudes solides, aux abdos en béton et aux
doigts de fée qui rêve de nouvelles ceintures et d’un gala à Bangkok.
Une réunion de boxe
exceptionnelle
En attendant, Clémentine Eggs se réjouit d’être à l’affiche de la première édition de Boxing
Circus, ce mardi 25 novembre, sous le chapiteau du Cirque de Noël à Plainpalais. Une
réunion exceptionnelle comprenant des numéros d’acrobatie, mais surtout onze beaux
affrontements (dont sept professionnels) de boxe et de kickboxing au programme, orchestrés
par Daniel Perroud, de retour dans l’organisation de meetings.
Pour cette grande soirée de sports de combat, la Genevoise va affronter en kickboxing, et non
en boxe thaïe, une Italienne d’origine roumaine de 23 ans, de 155 cm et 51 kg. Ce qui signifie
que la championne d’Europe va devoir prendre 2 à 3 kilos pour la défier dans la catégorie
supérieure, oublier les «clinches» (les corps à corps en s’accrochant à son adversaire) et ses
coups de coude autorisés en muay-thaï et interdits en kickboxing.«Au niveau de sa technique, cette grande spécialiste de boxe thaïe risque d’être un petit peu
désavantagée, mais elle est tellement volontaire qu’elle aura vraiment envie de montrer au
public son immense potentiel», estime Carl Emery, dont le fils, Killian, toujours invaincu,
aura également à cœur de démontrer lui aussi qu’il est «tout simplement» le meilleur au
monde.
Boxing Circus. Mardi 25 novembre au Cirque de Noël sur la plaine de Plainpalais.
Onze combats, dont sept professionnels (quatre de boxe et 3trois de kickboxing).
Les premiers combats amateurs débutent dès 18 h